Histoire de la recherche

Les ruines d’Augusta Raurica sont fouillées et étudiées depuis des siècles. Sans cesse, les nouveaux résultats des recherches remettent en question les anciennes connaissances et font évoluer nos représentations de la ville antique.

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Les ruines – une carrière de pierre devenue un lieu de recherche

Les ruines imposantes de la ville antique abandonnée restèrent longtemps visibles et continuèrent à attirer le public à Augusta Raurica.

Dès la fin du IIIe siècle, des tonnes de pierre furent transportées pour être réutilisées en matériau de construction ou disparurent sur place dans les fours à chaux.

La Renaissance fit revivre les idéaux antiques et réveilla l’intérêt du public pour l’Antiquité. À cette époque, les ruines d’Augusta Raurica étaient presqu’entièrement recouvertes de terre et de végétation. Basilius Amerbach (1533–1591) fut le premier à entreprendre des fouilles à Augusta Raurica. Il explora le site du théâtre et le fit minutieusement mesurer.

Les crises économiques et politiques de la guerre de Trente Ans (de 1618 à 1648), avec les épidémies de peste et les famines, firent perdre tout intérêt à l’étude du passé.

La passion de l’Antiquité et la recherche des ancêtres

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Dans la foulée du siècle des Lumières, l’esprit inquisiteur se réveilla. Dans son essai de description des curiosités naturelles de la campagne bâloise («Versuch einer Beschreibung der historischen und natürlichen Merkwürdigkeiten der Landschaft Basel»), Daniel Bruckner (1707–1781) s’étend abondamment sur Augusta Raurica. Quelques décennies plus tard, sous l’inspiration du romantisme, des éléments architecturaux antiques furent dégagés et transportés dans des parcs privés à Bâle.

Au début du XIXe siècle, la jeune République Helvétique, voulant forger un sentiment national, soutint les recherches sur les origines communes du peuple suisse. Cependant, on fêta les glorieux ancêtres helvètes celtiques et non pas les Romains. C’est seulement vers la fin du XIXe siècle et au début du XXe que s’imposa l’image des Romains comme messagers culturels, sous l’influence des résultats de recherche des historiens. La Société d’Histoire et d’Archéologie de Bâle, fondée en 1836, chargea Theophil Burckhardt-Biedermann (1840–1914) de faire des fouilles à Augusta Raurica.

Au début du XXe siècle, les mouvements de «retour à la nature» rendirent populaires les civilisations lacustres, alors que les Romains étaient considérés comme une puissance ayant succombé à la décadence. Cependant, le Gouvernement décida de placer Augusta Raurica sous sa protection. À l’époque, des mécènes privés comme le juriste bâlois Karl Stehlin (1859–1934) finançaient leurs propres recherches sur la ville antique.

Protéger de la destruction – Augusta Raurica aujourd’hui

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Depuis les années 1940, ce sont de plus en plus les fonds publics qui financent la préservation du site, les fouilles et la communication au grand public.

Le boom de construction dans les années 1960 et la construction de l’autoroute entraînèrent de vastes fouilles d’urgence dans la ville romaine. Des quartiers entiers durent être explorés et documentés sous une énorme pression de temps, avant d’être disponibles pour de nouvelles constructions.

Aujourd’hui, une loi sur l’archéologie veille à ce que les quartiers conservés de la haute ville d’Augusta Raurica ne puissent plus être détruits ni livrés à la construction. Les vestiges restent autant que possible protégés dans le sol, sous une couche de terre.

Dans les dépôts d’Augusta Raurica reposent plus d’1,6 millions d’objets provenant des fouilles et appartenant aux cantons de Bâle-Campagne (fouilles d’Augst) et d’Argovie (fouilles de Kaiseraugst). La collection des objets provenant des fouilles est à disposition des chercheurs du monde entier. Les objets sont étudiés et les résultats publiés dans des ouvrages scientifiques. Ces recherches constituent la base de nos connaissances sur le passé.